VANTé POUR SES VERTUS, LE SAUMON NORVéGIEN AFFICHE UNE PETITE FORME

En proie à une mortalité record, le saumon norvégien est-il sain? Vanté pour son Oméga 3 et ses vertus diététiques, il n’affiche pas une grande forme dans les fermes piscicoles où il est élevé.

Près de 63 millions de saumons sont morts prématurément l’an dernier, dans les grandes cages immergées dans les fjords de Norvège, plus gros producteur mondial de saumon atlantique. Soit un taux de mortalité sans précédent, de 16,7%, qui augmente d’année en année. En cause: des maladies (du pancréas, des branchies...) mais aussi des blessures occasionnées lors d’opérations visant à les débarrasser des poux de mer, parasites qui se repaissent de leur hôte.

Pas toujours ragoûtant

Le saumon mort prématurément est généralement transformé en aliment pour animaux ou biocarburant. Mais, selon les médias norvégiens, il se pourrait que des poissons malades au moment de l’abattage, voire déjà morts, atterrissent dans les assiettes, parfois sous le label «supérieur». Selon les experts, sa consommation ne pose pas de risque pour la santé humaine. Mais ces révélations nuisent à l’image qualitative que le secteur tente d’installer. «Si vous achetez de la viande dans un magasin, cela vous paraît évident qu’elle provient d’un animal qui a été abattu dans les règles et non pas qui gisait mort en dehors de l’étable», fait valoir un spécialiste de la santé des poissons.

L’Autorité norvégienne de sécurité alimentaire a relevé des irrégularités dans les élevages lors d’une inspection sur deux l’an dernier: du poisson blessé ou présentant des malformations a été illégalement exporté notamment. Pour des questions de réputation, seule l’exportation de saumons de qualité supérieure ou ordinaire est autorisée. L’enjeu est de taille. Les exportations de saumon ont rapporté quelque 10 milliards d’euros à la Norvège l’an dernier, le 1,2 million de tonnes vendues représentant l’équivalent de 16 millions de repas quotidiens.

Soumis au stress

Pour Robert Eriksson, de l’organisation Sjømatbedriftene qui représente les petits producteurs, les écarts éventés chez certains éleveurs sont «totalement inacceptables». «On est puni par le marché et l’impact économique est beaucoup plus important que les quelques kilos supplémentaires qu’on aura vendus», ajoute-t-il.

Sjømat Norge, l’association représentant les grands groupes aquacoles, assure se mobiliser mais réclame du temps. «En moyenne, il faut trois ans pour élever un saumon», souligne son directeur. «Il est donc difficile de voir aujourd’hui des résultats immédiats même si nous avons lancé toute une série d’initiatives et de mesures.»

C’est précisément la vitesse à laquelle le poisson est élevé qui poserait problème. «Le saumon est soumis au stress toute sa vie, de son éclosion en eau douce jusqu’à son abattage», fait un ancien professeur de l’Ecole vétérinaire, qui critique des «conditions animales terriblement mauvaises» et dit avoir arrêté d’acheter du saumon d’élevage.

Au-delà, renforcer le bien-être animal répond à une logique économique: 63 millions de saumons morts avant l’heure, c’est près de 2 milliards d’euros de manque à gagner. Selon le leader de la branche norvégienne du mouvement Amis de la Terre, la hausse de la mortalité découle d’une «industrialisation» trop poussée: «Nous avons génétiquement créé un poisson d’élevage qui a de mauvaises capacités de survie et qui meurt d’une combinaison de stress et de mauvais gènes parce qu’il a été sélectionné pour croître le plus vite possible et a subi un changement brutal de sa diète.».

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