MISTINGUETT, LE RESTAURANT QUI REMET LES ANNéES FOLLES AU GOûT DU JOUR

L'esprit cabaret revisité façon pop

Loin de ressembler aux nombreux restaurants qui surfent sur la tendance des Années folles, Mistinguett a du chien. Ce charme, c'est l'œuvre d'Adèle Nourry et Hugo Vince, fondateurs d’Atelier Ha. Tout en conservant l'esprit rococo et sophistiqué du lieu — un cabaret du XIXe siècle à deux pas de Pigalle, les architectes ont ingénieusement apporté une modernité décontractée. « Nous voulions garder le style cabaret du Casino, tout en amenant un côté pop », expliquent-ils.

Pour s'inspirer, ils se sont plongés dans des photographies d'archives des années 1930, lorsque le restaurant s'appelait encore Le Perroquet et que Mistinguett (à qui le nom du restaurant rend hommage) était la célèbre meneuse de revue du cabaret. « On a essayé de reconstituer cette ambiance, notamment avec la grande arche, parée de nombreuses petites lumières, pour lui donner un aspect théâtral », précisent-ils. Le hall magistral du Casino de Paris a également été une source d'inspiration, notamment ses grands pilones, auxquels répondent les lustres en plumes de verre de Murano.

Un lieu à la complexité inspirante

Le duo a du composer avec les contraintes du lieu : une immense hauteur sous plafond, une verrière d'époque, mais aussi une salle de spectacle, bruyante, en contrebas du restaurant. Car Mistinguett n'est pas cloisonné, de sorte à pouvoir faire profiter aux clients du restaurant de la superbe salle et de ses dorures dès la fin du spectacle. « L'enjeu était de faire communiquer les deux espaces », indiquent les architectes. Une double paire de rideaux ultra isolants a donc été ajoutée, pour ne pas déranger les spectateurs, et s'ouvre à chaque fin de représentation. L'acoustique a été pensée jusqu'à la voûte, en collaboration avec des experts, sans transiger sur l'esthétique. On y admire l'évolution des lumières, savamment étudiée, au cours de la journée ; les rayures répondent élégamment aux courbes du mobilier ainsi qu'aux stries du bar, transformant l'espace selon l'heure du jour.

La verrière, d'époque, a fait l'objet d'un parti pris osé, celui de la dissimuler en partie avec un bar ondulé. Quant à la hauteur (6 mètres sous le plafond), le duo l'a appréhendée de sorte à « créer une atmosphère chaleureuse dans un espace qui ressemble plus à un hall de gare ». Aussi ont-ils imaginé le restaurant en deux façons : une première, conviviale, invite à une table incurvée de 25 couverts ; une seconde, plus intimiste, exhorte les petits groupes dans des alcôves pensées à la manière de loges d'artistes. Ces dernières, privatisables, sont autant d'occasion « de se cacher pour faire des bêtises le soir », s'amusent les architectes, ou de se retrouver pour un rendez-vous professionnel au déjeuner.

Un charme authentique

Adèle et Hugo ont dessiné l'ensemble de l'espace sur mesure, décoration et mobilier — chaises, tables, voûtes, à l'exception des luminaires qui ont tous été chinés « dans des milliers d'endroits différents, pour donner un charme authentique » ; un travail remarquable, mené de Saint-Ouen à l'Italie. Le grand choix de velours, tissus et moquettes répond aux peintures et aux tables en marbre rouge. Une touche artistique, chère aux architectes, a également été introduite, à travers l'excentrique fontaine des toilettes, créée par Caroline Derveaux et Margaux Dehry ; un espace singulier, coloré, dont nous laissons la surprise aux lecteurs.

Des mets « bistrot chic » et des cocktails Années folles

A la carte, une élégante cuisine de bistrot, signée Etienne Daviau, ancien disciple d'Alain Sederens et d'Eric Fréchon. La carte revisite les classiques de la gastronomie traditionnelle : œuf parfait, enrobé dans une feuille d’or et accompagné de champignons ; filet de turbot ou de Saint-pierre, côte de bœuf en croûte découpée face au client ; Saint-Honoré ou entremet au chocolat gianduja. L'ensemble s'arrose de cocktails raffinés, élaborés par trois mixologistes sur la base des Années folles là encore : Dry Martini, Negroni, Americano…

Mistinguett, 16, rue de Clichy, Paris IXe. mistinguett.paris

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