LA RELèVE DES DéCORATEURS-ENSEMBLIERS

Hugo Toro

« Mieux vaut trop que trop peu », voilà qui résume la philosophie de l’architecte, architecte d’intérieur et designer, sorti major de l ’école Penninghen. Dessinateur compulsif et hyperactif, ce virtuose créé « des espaces atmosphériques et chaleureux » dont la richesse des matériaux, la force des couleurs et des contrastes impressionnent. À l’image de la Villa Albertine, à New York chef-d’œuvre architectural du début XXe à laquelle il a redonné vie en filant la métaphore de l’eau et du nénuphar, étant donné la proximité du lieu avec Central Park. « J’ai conçu une œuvre totale et très picturale », précise le trentenaire, capable de mener 25projets en simultané pour conjurer l’ennui. Ce printemps, il achève entre autres un hôtel dans le sud de la France, planche sur le futur hôtel Orient Express, et lance sa deuxième collection de mobilier en marbre, avant de développer des projets artistiques autour de la peinture, son autre passion.

hugotoro.com

Necchi Architecture

Ce n’est pas par hasard si leur agence porte le nom de la célèbre villa milanaise Art déco ! Charlotte Albert et Alexis Lamesta - tous deux diplômés de l’École Bleue – ont un goût prononcé pour les années 1930, qu’ils aiment confronter aux années 1970 et 1980. Car ce duo reconnaît cultiver l’anachronisme et la surprise. Sans négliger pour autant le confort et le sens du détail, leur obsession. Leur dernière réalisation, l’hôtel Château d’Eau à Paris, pour le groupe Touriste, imaginé comme le pied-à-terre de Betty Catroux après une soirée endiablée au Palace, en est une belle illustration. Un repaire aussi sophistiqué que cultivé, où i ls déploient leu r est hét ique « Ja mes Bondienne » – plafonds en laque, moquette vio-lette – et leur mobilier. Depuis avril, leurs premiers meubles sont présentés sur la plateforme Monde Singulier, préfigurant une nouvelle collection en autoédition dans le courant de l’année.

necchiarchitecture.com

Edgar Jayet

À 26 ans seulement, cet architecte d’intérieur et designer a vu sa paire de fauteuils d’angle entrer en début d’année dans les collections du Mobilier National. Une jolie récompense pour ce créateur, colauréat en 2021 avec Victor Fleury Ponsin du Grand Prix Design Parade Toulon Van Cleef & Arpels. « C’est une réinterprétation d’un modèle xixe que j’ai épuré », précise Edgar, qui aime réhabiliter des typologies de meubles oubliés. Et s’inscrire dans l’histoire des arts décoratifs français. Et c’est bien là que réside le talent de ce jeune homme, grand lecteur, qui vit entre Paris et Venise, une ville dont le patrimoine architectural nourrit sa créativité. Car en dépit de sa jeunesse, Edgar part toujours du passé pour imaginer le présent. Que ce soit pour le mobilier comme pour les scénographies, à l’image de cette installation (photo) présentée à Milan l’an dernier à l’occasion de l’édition de ses premières pièces de mobilier.

edgarjayet.com

Friedmann & Versace

Indiscutablement, elles aiment les lieux à fort potentiel onirique. Le Procope, café littéraire légendaire, que Virginie Friedmann et Delphine Versace ont réinventé cet hiver à coups de panneaux en bois sculpté, de plafonds en papier marbré et de fresques animalières, en est un bel exemple. Comme ce chalet mégevan (photo), réhabilité dans un esprit bohème folk et qui témoigne du sens aigu de la composition et des associations de ce tandem créatif enclin à sublimer les savoir-faire. « Mais attention, sans surenchère », précisent les architectes d’inté- rieur adoubées pour leur univers fantasmagorique, qui égrène souvent chimères, divinités ou signes du zodiaque que l’on retrouve aussi sur leur première collection de mobilier, Constellation. Une invitation à un voyage immobile, sensuel et tactile.

friedmann-versace.com

Oud Architecture

Né de l’association de Marie Sarah Burckel et de Josselin Berteloot, ce studio pluridisciplinaire d’architecture, d’architecture d’intérieur et de design conçoit des ambiances qui impriment la rétine. « À nos yeux, le décor révèle l’architecture » précise le duo, sorti lauréat du Grand Prix d’Architecture de l’Académie des beaux-arts en 2016. À mille lieues du goût formaté de l’époque, leurs compositions puisent leurs inspirations dans leurs voyages ou l’histoire des bâtiments. À l’instar de cet appartement parisien qu’ils ont reconnecté à sa façade Art déco en remettant en valeur les corniches, en redessinant la cheminée et en créant des encadrements de porte en ébène. Fraîchement lancée, leur première collection de meubles en bois sombre évoque le mobilier liturgique des églises de Venise – Sarah y a passé plusieurs années – qu’ils souhaitent désacraliser sans pour autant lui ôter son aura artistique.

oud-architecture.com

Studio Haddou Dufourq

Unis à la ville comme à la scène, Kim Haddou, 32 ans, et Florent Dufourcq, 35 ans, réalisent des décors tout en détails et en subtilité. Sortis de l’école Camondo avec les félicitations, ils créent leur studio en 2019 et enchaînent les projets : une boutique Maje, un magasin Hermès et une collection d’appartements. Aujourd’hui, ils achèvent la restauration d’un hôtel XIXe à Hyères, avec la volonté de ne pas tomber dans le cliché de l’établissement du bord de mer méditerranéen, mais de l’ancrer dans son histoire. Réputés pour leur approche contextuelle, mais en adéquation avec l’époque, ils composent des intérieurs harmonieux, en résonance avec l’architecture, où ils privilégient un travail sur les matériaux – l’Inox, la laque, les bois brillants – plutôt que sur les couleurs. D’ici l’automne, ils projettent d’auto-éditer une première collection de meubles aux références multiples, des années 1920 aux années 1980.

haddou-dufourcq.com

2024-05-09T05:59:05Z dg43tfdfdgfd