CARTIER CLARIFIE ET RECENTRE SES COLLECTIONS

Cyrille Vigneron, PDG du numéro deux du secteur horloger, rappelle l’importance de la cohérence dans la stratégie de la marque.

Dans le salon feutré et chic dans lequel Cyrille Vigneron reçoit à Watches and Wonders, quelques journalistes triés sur le volet sont installés pour une table ronde. Il ne sera pas question de chiffres, car Richemont publie ses résultats plus tard dans l’année. Pourtant, l’homme à la tête du joaillier des rois confie les grandes tendances et les spécificités qui signent le succès de la marque qu’il mène de main de maître depuis presque huit ans. Quelles en sont les clés et comment se déploient-elles autant à travers les collections que dans la perméabilité des genres?

Quels ont été les temps forts pour Cartier au salon Watches and Wonders?

Notre temps fort s’inscrit dans la cohérence de notre collection. Nous souhaitons avoir des maisons claires sur leur positionnement, sans lieu commun. Dans le passé, Cartier a essayé de faire de la haute horlogerie, des complications, de la montre de sport. Mais ce n’était pas nous. Nous, notre horlogerie, c’est celle des formes. Des montres de formes donc.

Comment ces formes se révèlent-elles dans vos collections?

La pièce phare est une réédition de la fameuse Tortue, un modèle que Cartier a lancé dans les années 1910. Elle se présente sous forme de tonneau avec des pattes galbées. Il s’agit d’un chronographe monopoussoir. Ce n’est pas l’année du dragon comme le calendrier chinois l’indique, mais celle de la tortue

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(rires…)

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En avez-vous fini de revisiter les icônes?

Pour le moment, nous avons remis au goût du jour de nombreuses icônes: la Tank française, américaine, la Santos, la Santos Dumont, la Panthère seule ou en manchette. Les possibilités que notre richissime patrimoine nous offre sont quasi infinies.

C’est ce qui explique que vous ne lanciez pas de nouvelle collection?

Il faut se poser la question de l’utilité et surtout de pérennisation de nos modèles. Nous avons ajouté la Tortue à la Baignoire, à la Pasha, à la Ballon Bleu. Il faut laisser du temps. Prenez la Baignoire manchette, qui a été lancée au salon en 2023: nous sommes en rupture de stock sur ce modèle.

Comment opérez-vous ces choix? Pourquoi un modèle plutôt qu’un autre devrait-il être revisité?

Un travail de filtrage du temps et du style a tout d’abord lieu. On se demande ensuite s’il s’agit d’un modèle femme ou homme, même s’il n’y a absolument aucun préjugé sur qui va le porter. Il y a 40 ans, par exemple, il n’y avait pas de montres de genre mais uniquement des différences de taille qui correspondaient aux différents poignets. Puis, sont arrivées les périodes des montres XXL et celle des garde-temps plus fins, plus féminins, plus joailliers. Aujourd’hui, on revient à quelque chose de très neutre. Ni féminin, ni masculin.

Et vous, votre rôle?

Nous avons un comité de création qui est organisé autour des trois lignes de produit

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(ndlr. Icônes, Cartier Privé et Cartier Libre)

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dans une dynamique très collective. Nous réfléchissons au potentiel profond de chaque modèle. Est-il pleinement exploité?

Votre capacité de production est-elle modulable?

Oui, c’est aussi une grande force, nous sommes très flexibles et nous sommes à même d’arbitrer au sein des familles technologiques.

L’appétence pour le très haut de gamme est-elle homogène?

Oui, la demande pour les pièces de haute joaillerie est très grande. Il y a beaucoup de profils communs entre la haute joaillerie et les collectionneurs horlogers. Nous organisons d’ailleurs des événements qui embrassent les deux. Les profils ont changé, les jeunes collectionneurs sont très érudits sur les modèles et savent ce qu’ils veulent.

Quel est votre positionnement prix moyen cette année?

Nous sommes basés en Suisse et les coûts de production sont réajustés à ceux de l’or notamment. Je trouve nos prix plutôt abordables. Le premier modèle commence à moins de 3000 francs, jusqu’à des pièces de haute joaillerie. D’ailleurs, nous constatons une tendance très marquée pour des pièces en or plutôt qu’en acier, même si l’acier se vend désormais au prix de l’or

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(rires…)!

Et les parts de marché pour les secteurs féminin et masculin?

La femme domine légèrement mais nous sommes proches de l’équilibre. Et surtout, nous ne mesurons pas qui achète pour qui! Nous constatons une grande fluidité des modèles et des familles.

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