AU MOINS POUR LA GYM ET LA PISCINE: INTERDICTION DU VOILE à L'éCOLE PRIMAIRE: «C'EST ABSURDE, LES ENFANTS N'ATTISENT PAS LE DéSIR!», ESTIME JACQUELINE DE QUATTRO

La conseillère nationale PLR Jacqueline de Quattro veut se débarrasser du voile dans les écoles maternelles et primaires de Suisse. Selon la politicienne vaudoise, ce vêtement ne doit pas concerner des enfants prépubères. Le Conseil national a accepté son postulat.

Le voile pourrait bien être banni des écoles primaires de Suisse! À tout le moins, pour les cours de gym et de piscine. Sur l'impulsion de la sénatrice argovienne Marianne Binder-Keller, la conseillère nationale vaudoise Jacqueline de Quattro a déposé un postulat, accepté lundi 10 juin par la chambre basse.

Pour la députée libérale-radicale (PLR), c'est très clair: les fillettes à l'école maternelle ou primaire n'étant pas pubères, elles n'ont rien à cacher. «Voiler des enfants ne correspond en rien à ce qu'on nous raconte sur les femmes qui doivent être modestes pour ne pas titiller les désirs, s'agace l'ancienne conseillère d'État vaudoise. C'est absurde. Les enfants ne sont pas des objets du désir.»

Projet anticonstitutionnel, mais pas vraiment

Le Conseil fédéral a appelé à rejeter le postulat, qui court-circuite la compétence des cantons, et serait anticonstitutionnelle. Le Tribunal fédéral (TF) a considéré en 2015, dans une affaire saint-galloise, qu'interdire le voile dans les écoles serait «une atteinte grave à la liberté religieuse».

«J'ai vérifié l'arrêt en question, confie l'élue PLR à Blick. Dans sa décision, le TF n'exclut pas une interdiction ponctuelle fondée sur un intérêt public prépondérant.» Un bannissement du voile pour pouvoir accéder aux leçons de gym et de piscine devrait donc être possible, estime Jacqueline de Quattro, si l'interdiction totale est trop compliquée à mettre en place.

Au moins pour la gym et la piscine

«Si on ne veut pas le proscrire dans les salles de classe, qu'on le fasse au moins pour le sport, appelle-t-elle de ses vœux. Le port du voile entrave l’intégration et la liberté de mouvement des petites filles et les empêche notamment de participer pleinement aux cours de gymnastique et de natation. Cela les met vite de côté et en fait des camarades de classe 'qui ne jouent pas avec nous'», déplore l'ancienne ministre.

La conseillère nationale voit en cet «intérêt public prépondérant» la nécessité de donner les mêmes chances à tous les enfants. «Nos écoles sont des espaces de liberté où l'enfant peut s'épanouir, quel que soit le cadre à la maison, rappelle l'élue PLR. Nos valeurs suisses, l'État de droit, la liberté de mouvement, l’égalité des chances et la laïcité de l’école publique doivent être respectées.»

Défendre les Iraniennes, mais accepter le voile en Suisse

Et de citer des chevaux de bataille d'ordinaire associés à la gauche: l'identification féminine induite par le port du voile qui sexualise et discrimine, la défense d'une petite minorité d'enfants concernés.

«Dans notre société, qui se targue d'être progressiste en matière d’émancipation et où l'on manifeste pour que les femmes iraniennes puissent tomber le voile, je trouve assez piquant que l’on s’indigne quand il est question de prohiber le voile imposé aux petites filles dans nos écoles suisses», dénonce l'élue.

Retirer les fillettes de la gym

Le postulat a été accepté à 104 voix contre 77 et 10 abstentions. Le Conseil fédéral va examiner une base légale. L'interdiction entrerait dans la Constitution.

Et si les parents refusent? Une tactique dénoncée par les milieux associatifs consiste à carrément retirer les fillettes des cours de gym ou de piscine, certificat médical à l'appui. «En l'état, je ne fais que demander au Conseil fédéral d'examiner la possibilité de créer une base légale, répond Jacqueline de Quattro. La question de la mise en œuvre suivra.»

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