ADDITIFS, SUCRE : 7 IDéES REçUES SUR LE CHEWING-GUM DéCRYPTéES

Percer le mystère de cette dragée à mâcher est peut-être la raison du désamour à son égard. Plastique, additifs et pollution lui ont fait perdre de son attrait.

De simple friandise aux allures hollywoodiennes, le chewing-gum a gagné des propriétés sanitaires au fil du temps : il relaxerait, remplacerait le brossage des dents et ferait barrage aux caries. S’il rafraîchit l’haleine depuis toujours, l’usage du masque l’a rendu obsolète. Sa consommation en France a baissé de 20% en 2020. Champions du monde derrière les Américains, les Français en mastiquent 500 g par an. Mais savent-ils ce qu’ils contiennent ? "30% de plastique et 70% d’additifs", répond du tac-au-tac la chimiste Kako Naït Nali, ingénieure et docteure en chimie des matériaux polymères. Mâché par les Mayas, passé de végétal à synthétique, de cool à fléau écologique, pourrait-il faire sa révolution vers plus de durabilité ?

Le chewing-gum est naturel à l’origine

Vrai. Sur la terre des Mayas au Mexique, les chicleros (de chiclé qui veut dire chewing-gum en espagnol) entaillaient l’écorce des sapotilliers pour récupérer leur sève, la chauffer et la mouler en pains. Cette pâte molle arrivée aux États-Unis en 1869 a été convertie en bonbons à mâcher pour remplacer la résine d’épicéa machouillée en Amérique du Nord. L’entre-deux-guerres a signé l’invention des gommes synthétiques, à base de dérivés du pétrole, moins coûteuses et plus rentables.

Le chewing-gum n’est que du plastique

Vrai-Faux. "Les substances utilisées restent la partie la plus obscure de l’industrie, son petit secret de fabrication, raille Kako Naït Nali. La gomme est constituée de polyisobutylène, un caoutchouc synthétique issu de la pétrochimie, mélangé à des poudres minérales qui lui donnent une consistance agréable à mastiquer. Enfin, des additifs solubles dans la salive sont ajoutés : émulsifiants, édulcorants, épaississants et antioxydants."

Une fabrication 100% chimique

Vrai. Cent ingrédients sont autorisés dans sa fabrication selon l’arrêté du 25 juin 2003. Il y a au moins douze additifs par gomme. Le plus dangereux d’entre eux était le dioxyde de titane dont les nanoparticules rendaient ses dragées plus blanches et plus brillantes. Heureusement, il fut interdit en 2022 pour son usage alimentaire. Depuis 2014, l’association de consommateurs UFC Que Choisir accusait neuf fabricants de s’abstenir de la mention "nano" sur les étiquettes. Fractionnées par milliard, ces particules franchissent la barrière intestinale et s’acheminent via le sang vers le foie ou les poumons. Dès 2017, il avait été retiré du bubble-gum préféré des enfants : le Malabar.

Les chewing-gums sont tous trop sucrés

Faux. Le groupe américain Mars Wrigley a renouvelé le marché, en 1989, avec la version "sans sucre" de sa marque Freedent. Depuis, 95 % des gommes contiennent des édulcorants. Les polyols, meilleures alternatives au sucre, s’obtiennent par un procédé industriel qui extrait le glucose de l’amidon de maïs et donnent de multiples appellations (lactitol, isomal, sorbitol ou xylitol). S’ils ne présentent pas de danger pour la santé, il est recommandé de ne pas en abuser.

Le chewing-gum est un vrai désastre environnemental

Vrai. Second déchet le plus dévastateur de la planète, après les mégots de cigarettes, le chewing-gum exige au moins cinq ans avant de se dégrader. Ce qui n’empêche pas 70% de Français de le jeter par terre. Il y a vingt ans, l’État de Singapour interdisait sa vente et sa consommation. Dans le cadre de la loi anti-gaspillage, la France a mis au point la Responsabilité élargie des producteurs (REP) qui sera applicable aux fabricants de gommes selon le principe de pollueur-payeur. Elle entrera en vigueur au 1er janvier 2024.

Bientôt des réceptacles à bubble-gums en ville

Vrai. Des collecteurs roses et noirs apparaîtront sur le macadam à l’initiative de Keenat, une entreprise de l'économie sociale et solidaire qui avait déjà expérimenté l’action Freegum dans quatre communes de Gironde. "Associés aux mégots, les récolteurs étaient peu ragoûtants", sourit Sandrine Poilpré, sa cofondatrice. "On les a changés. Pour l’instant, ce n’est qu’une étape de propreté. Nous travaillons à leur transformation en valorisation énergétique."

keenat.com

Il existe des options moins artificielles

Vrai. Au Mexique, des chicleros collectent toujours la résine des sapotilliers et font des gommes bio, vegan et biodégradables. Supervisées par un consortium, elles sont surtout exportées au Japon. Le site français Belvibio les distribue. "Les deux multinationales (Mars Wrigley et Perfetti qui a racheté Mondelez) continuent de dominer les devants de caisse, laissant peu de place aux petites marques vertueuses comme la nôtre", déplore Harriet Wadjinny-Green, directrice générale de Bonsaï.

Parole de fabricant

Harriet Wadjinny-Green, directrice générale de Bonsaï explique la fabrication de ses gommes.

"Une fois filtré et sa qualité vérifiée, le latex du sapotillier est stocké en chambre froide positive (environ 3°C). Puis, il est déshydraté pour donner la gomme base à laquelle est ajoutée de la cire naturelle pour la stabiliser et en faire des blocs solides. Ils sont envoyés dans une usine en Italie. Malaxés et chauffés avec des arômes naturels, ils s’assouplissent. Sucre naturel à base d'écorce de bouleau, cire de carnauba pour l’enrobage, les dragées sont découpées et conditionnées dans un étui en carton recyclable certifié FSC."

Chewing-gums Bonsaï, 2,49 € la boîte de 15, en GMS et sur bonsainaturel.fr

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